Un blog pour....

Un blog pour...enfin se souvenir des (du) livre(s) que l'on arrive péniblement à refermer (à la dernière page, il va de soi !) après moultes péripéties spatio-(concentration douteuse dans bus bondé, conditions atmosphériques antipathiques -vent, pluie, grêle, neige, ombre, présence voisine de l'ennemi n°1- l'or-di-na-teur) temporelles (lecture en boucle du même paragraphe-voire de la même ligne- pour cause de fatigue extrême due à mise au lit tardive et exceptionnellement, réveil prématuré) mais aussi pratiques (notamment: survie délicate du précieux livre en cas de séance bronzage nécessairement assortie de crème solaire et autres produits huileux; persistance à la dégustation de desserts et autres boissons chaudes ou sucrées en présence de l'objet; perte de la page tant lue et relue pour cause de décornage involontaire ou croyance naïve de sa mémoire des chiffres etc). Et puis, surtout ! Parce que critiquer, ça fait du biiiiiien :)
PS: Merci à ma coloc chérie Elodie et ses gouts littéraires très avisés <3

lundi 23 avril 2012

Maus - Art Spiegelman


Et oui, encore une BD ! Mais attention, pas n'importe laquelle ! Un véritable chef d'oeuvre en forme de mémoire sur l'Holocauste, raconté et dessiné de façon magistrale et originale par Art Spiegelman. Il a d'ailleurs reçu le Prix Pulitzer en 1992.


Au cours des visites qu'il rend à son père, juif polonais rescapé des camps de concentration (et d'extermination, d'ailleurs), l'auteur questionne celui-ci sur son passé, sur la seconde guerre mondiale, sur la vie dans les camps, sur sa libération, etc. 
Il y a en fait deux histoires parallèles -celle que raconte Vladek (le père) à son fils, et l'autre, située dans le présent, à New York, où l'auteur décrit -avec une touche d'humour, ou de dérision plutôt (il n'hésite pas à mettre en avant les clichés juifs que son père représente à ses yeux)- la relation difficile qu'il entretient avec son père. Le choix d'une histoire dans l'histoire est très intéressant car cela donne une autre dimension, plus réelle, ancrée dans le présent et nous permet d'avoir une idée de l'état d'esprit (si on peut dire) d'un rescapé de la Shoah*.


Pour illustrer ses personnages, Spiegelman a choisi des animaux, symbolisant le 'groupe' en question, à savoir: les souris pour les Juifs, les chats pour les Allemands, les cochons pour les Polonais, les grenouilles pour les Français, et les chiens pour les Américains. Wikipédia (non, je n'ai pas honte), nous dit que le choix de ce style est une référence à la propagande nazie qui utilisait de tels symboles pour dépeindre les juifs et les polonais, notamment. D'ailleurs, quand les juifs tentent de se cacher, Spiegelman les dessine portant un masque de cochon...
Le graphisme est tout à fait remarquable, c'est très dense et il y a beaucoup à lire (d'ailleurs, je dirais que cela se lit plus comme un livre qu'une BD). 


Vladek, le père, raconte à son fils son histoire et celle de sa famille et de ses amis depuis juste avant la guerre jusqu'à la libération puis son départ pour la Suède, puis les Etats-Unis. L'histoire, bien sûr, n'est pas reluisante (il en serait difficile autrement), mais contrairement à certains films ou livres orientés sur l’héroïsme, la solidarité des juifs, et la bravoure des 'justes', ici il n'y a pas ou presque, de héros.
Il est plutôt question d'individualisme (surtout dans les camps même -tout se monnaie, il est hors de question d'aider son voisin sans rétribution et la mort n'a plus vraiment de signification), de (dé)solidarité, de trahison, de lâcheté, même si certains personnages se démarqueront positivement, notamment pour sauver la femme de Vladek, et mère de Artie, qui se suicidera après avoir survécu.


Ce qui m'a choquée, c'est d'apprendre que finalement, il y avait une connaissance réelle de l'étendue de la folie nazie parmi la population, qu'elle soit polonaise, allemande et juive bien sûr. C'est à dire que les juifs, et les non juifs, semblaient avoir parfaitement compris, très tôt, le sort qui serait attribué aux juifs et aux autres 'minorités' non désirables. Ce qui n'est pas du tout, me semble-t-il, relaté dans les documentaires et films traitant du sujet (j'avais toujours entendu et lu 'on ne savait pas où on allait', par exemple). Bon, maintenant je ne suis pas une historienne alors j'ai peut-être tort...


J'ai du mal à décrire ce livre, il y aurait encore tellement de choses à dire, alors LISEZ-LE ! C'est un format facile à lire, et un témoignage historique de grande valeur, je trouve.


Pour info, Art Spiegelman a publié en 2004 une autre nouvelle dessinée, sur les attentats du 11 septembre 2001, 'In the Shadow of no tower' (A l'ombre des tours mortes)...




* pour simplifier, j'utilise indifféremment les termes Holocauste, Shoah, génocide, tout en sachant qu'ils n'ont pas exactement la même signification historique et juridique.

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