Un blog pour....

Un blog pour...enfin se souvenir des (du) livre(s) que l'on arrive péniblement à refermer (à la dernière page, il va de soi !) après moultes péripéties spatio-(concentration douteuse dans bus bondé, conditions atmosphériques antipathiques -vent, pluie, grêle, neige, ombre, présence voisine de l'ennemi n°1- l'or-di-na-teur) temporelles (lecture en boucle du même paragraphe-voire de la même ligne- pour cause de fatigue extrême due à mise au lit tardive et exceptionnellement, réveil prématuré) mais aussi pratiques (notamment: survie délicate du précieux livre en cas de séance bronzage nécessairement assortie de crème solaire et autres produits huileux; persistance à la dégustation de desserts et autres boissons chaudes ou sucrées en présence de l'objet; perte de la page tant lue et relue pour cause de décornage involontaire ou croyance naïve de sa mémoire des chiffres etc). Et puis, surtout ! Parce que critiquer, ça fait du biiiiiien :)
PS: Merci à ma coloc chérie Elodie et ses gouts littéraires très avisés <3

samedi 22 septembre 2012

La malédiction d'Edgar, Marc Dugain


Si l'on pouvait s'étrangler de colère -ou d'indignation plutôt- à la lecture d'un livre, je crois que je serais morte vingt fois ! (non, ce post ne sera pas sujet à exagération du.tout. comme vous pouvez le pressentir)  Pas à cause de Marc Dugain, je vous rassure (quoique au final, si ! en fait non, ce sera ta faute à toi Elodie !! :p) mais à cause du contenu  de son livre !! Non mais, regardez comme ils sont BEAUX les frères Kennedy, et comme il est VILAIN cet horrible petit (non mais vraiment tout petit, c'est vrai hein) bonhomme d'Edgar Hoover !
(<- ici là sur la photo !) Et NON, je ne suis pas du tout biaisée (je suis toujours d'une objectivité absolue, il va de soi) , mais je ne PEUX PAS tolérer que l'on attaque les Kennedy comme c'est le cas dans La Malédiction d'Edgar, surtout quand on s'appelle Edgar Hoover et qu'on mériterait de MAUDIRE EN ENFER pour avoir été un horrible personnage indigne de figurer dans les livres d'histoire !  Et on ne porte pas préjudice à mes hommes politiques américains (que dis-je, hommes politiques tout court !) préférés de toute l'histoire de l'Humanité (même Bill (Clinton) et Barack (non, je ne ferai pas l'affront de préciser) ne viennent qu'ensuite !) sans impunité ! Alors, Edgar, ce post est pour toi. Good night, and... good luck* et... maudis sois-tu ! (c'est Marc qui l'a dit)

Bon alors, je pense qu'il est malgré tout important d'établir une vérité certes navrante, mais pour autant sans incidence sur l'amour inconditionnel que l'on se doit de porter à John, Bobby (et Teddy) Kennedy: oui, le clan Kennedy était un peu pourri jusqu'à la moelle d'histoires de mafias, de corruption, d'affaires extra-conjugales, de fricotage avec l'ennemi en temps de guerre, oui oui OUI. OK, je SAIS, tout ça. Mais de toute façon, tout est de la faute de Papa Kennedy (Joe Sr), c'est LUI le méchant, celui qui a crée la mauvaise réputation des Kennedy, d'abord ! Bon, je pourrais vous parler des Kennedy pendant des heures et des heures (ou plutôt , des lignes et des lignes), mais malgré les apparences, l'heure n'est pas à célébrer leur côté visionnaire et éclairé, leur volonté de promouvoir les droits sociaux, leur anti-ségrégationnisme, leur charisme, leur intelligence, hum, pardon.
Non, l'heure est à rétablir l'(affreuse) vérité sur Edgar Hoover, patron du FBI pendant près de cinquante ans (CINQUANTE ans ! ah, on peut parler des dictateurs hein !). Ayant 'servi' (enfin, 'trahi' serait plus approprié) huit Présidents, il est considéré comme ayant révolutionné le système d'enquête policière aux Etats-Unis (sachant que nous en France on avait déjà inventé tout ça depuis bien longtemps, je voudrais quand même préciser ! -pour une fois que je suis chauvine !): modernisation des techniques de police scientifique, centralisation des dossiers, incluant empreintes digitales, création d'équipes spécialisées, etc. Ok. soit. Mais mon dieu, mon dieu, MON.DIEU, cet homme a commis tellement de méfaits, d'abus de pouvoir, de trahisons envers son pays, ses présidents, ses concitoyens, que je ne sais même pas par où commencer.

En fait je réalise que vous n'avez probablement rien compris à la lecture de ce post pourtant fort clair et structuré (je suis sous le coup de l'émotion, encore) donc je vais tâcher de reprendre correctement, cette fois: cette fiction (oui, il s'agit d'une fiction -mais une fiction vraie !) prend la forme des mémoires de Clyde Tolson, le numéro deux du FBI et surtout, ami le plus proche d'Edgar (et amant présumé certain, par ailleurs), reconstituées par Marc Dugain grâce à des transcripts, extraits de dossiers du FBI, témoignages. Il me faut donc préciser que la parole du narrateur de ce livre -Clyde Tolson- ne sort donc effectivement pas directement de la bouche (ou de la plume) de Tolson lui-même. Qu'importe, on aura trèèèès bien compris l'idée.

Donc Edgar, né à Washington D.C., fils à maman qu'il restera jusqu'à la mort de celle-ci, rejoint le Bureau of Investigation (ex FBI) et en prend la tête en 1924 à un très jeune âge (moins de 30 ans !).
A partir de là, il n'aura de cesse de constituer des dossiers personnels incluant les détails les plus intimes de la vie privée de l'ensemble de ses connaissances (on se demande si sa mère n'avait pas son propre dossier aussi) et des personnalités politiques, artistiques, sportives, bref, tout le monde y passera, y compris et surtout les présidents et candidats à la présidentielle, qu'ils soient républicains ou démocrates.
Hoover fera de la chasse aux sorcières une priorité absolue, et son aveuglement anti-communisme est assez incroyable à lire (McCarthy semblerait presque modéré à la place !), allant jusqu'à des mises sur écoute (sa très grande spécialité- il avait mis sur écoute l'Amérique entière), des enquêtes sans rapport avec le domaine d'expertise du FBI, et menaces en tout genre, tout cela sous le prétexte du risque d'atteinte à la sureté du pays... une autre époque, ma foi...
Il avait développé une haine absolue des homosexuels -haha, alors que l'on sait bien sûr, qu'il était lui-même un hétérosexuel épanoui ! (hein, Clyde ?) et s'était mis en tête de ruiner -entre autres- la réputation de la First Lady, Eleanor Roosevelt qui, OH MY! aurait entretenu des relations fort peu appropriées avec des femmes et PIRE en fait ! des hommes plus jeunes qu'elles ! (peut-être l'un d'eux était-il même NOIR, si je me souviens bien. absolument outrageant, je comprends, pauvre petit Edgar si prude et vertueux !). Non mais au secours quoi.
Et bien sûr, sa haine la plus ouverte et ridicule se porta envers... ô surprise, les Kennedys. Je n'ai pas bien réussi à déterminer lequel de Bobby, John, ou Joe Sr il haïssait le plus, mais je crois qu'il aurait souhaité se débarrasser de Bobby en premier. Et quand je dis "débarrasser", ce n'est pas au sens politique ou moral du terme, mais c'est littéralement ! Mais oui, Edgar Hoover et son sbire de numéro 2 ont oeuvré et comploté (du moins selon le Clyde du livre) jusqu'au bout à l'élimination physique de JFK et de Bobby, usant pour cela de leurs liens avec la mafia, notamment. Pas de bol, la CIA et la mafia justement (vexées par la débâcle de la Baie des Cochons), leur coupera l'herbe sous le pied...
Ah oui, car Bobby avait passablement é.ner.vé Edgar (mais vraiment vénère) avec la création d'un comité parlementaire de lutte contre le crime organisé. En effet, Hoover a toujours refusé de reconnaître le crime organisé comme une priorité du FBI, qui a donc passé des décennies à se concentrer exclusivement sur les vilaines sorcières communistes. Car, nous dit Clyde, reconnaître le crime organisé comme priorité serait revenu à rappeler le rôle du FBI en la matière, et donc à révéler publiquement l'échec cinglant de l'organisation sur ce sujet (car en effet, je crois que l'on peut dire que le crime organisé a connu une période florissante sous le règne Hoover -oh surprise). Limpide, mon cher Edgar !

En tout cas, la haine permanente et viscérale qu'Edgar vouait à l'ensemble des politiciens américains -et des Américains en général, je dirais même, est impressionnante, je trouve. Et le tout est relaté par le ton ma foi fort neutre et objectif de ce faible de Clyde Tolson, qui n'aura eu pour accomplissement que le fait d'être un pion approbateur et complice du malfaiteur qu'était Edgar Hoover !

Voilà, maintenant comment conclure pour ne pas paraître complètement hystérique et diffamante ? Read the book ! Marc Dugain écrit vraiment très bien. Et faites-vous un avis par vous-même, peut-être qu'après tout vous compatirez avec Edgar et ne retiendrez que le héros du FBI, mais dans ce cas, je vous préviens, ce sera fini entre nous !! ;)

xxx

PS: à voir (ou pas forcément) sur le sujet: "J.Edgar", de Clint Eastwood (vous savez, ce grand acteur/réalisateur américain qui parle à un Obama fictif sur une chaise vide pendant les Conventions Républicaines !). Le point positif de ce film aurait été la présence de Leonardo Di Caprio, qui est en principe un gage quasi-automatique de qualité d'un film, mais en l'espèce, je trouve qu'il n'était pas l'acteur approprié pour le rôle. De plus, alors que le film retrace la vie d'Edgar de son entrée au FBI très jeune (vingtaine d'années) à sa mort (vieux!), ce sont les mêmes acteurs du début à la fin, plus ou moins bien grimés selon les âges. Et Leonardo est juste physiquement trop beau (alors que l'on a pré-établi ci-dessus, photo à l'appui -que Edgar était vilain vilain vilain) et le look 'Edgar, 80 ans' n'est pas du tout crédible ! Le film est bien réalisé par contre (ça me fait mal au coeur de dire ça, considérant mon désamour pour Clint) et les seconds rôles sont très bons (Naomi Watts en secrétaire à vie de Hoover, et Armie Hammer en Clyde Tolson enamouré).

PSS: à ne PAS voir sur le sujet: Les Kennedys, série TV en 7 épisodes (je crois) retraçant la vie des Kennedys (oui, vraiment !), tragiquement mal interprétée (à cause de Katie Holmes en Jackie notamment -le mythe tombe- et malgré la présence de Greg Kinnear en JFK et de Barry Pepper en Bobby, pourtant brillants acteurs), mal réalisée, mais il semblerait pourtant, assez fidèle à la réalité historique du clan Kennedy comme notamment retracée dans La Malédiction d'Edgar. Cependant, remplie de clichés éhontés et autres anecdotes mal choisies. C'est non, donc. Par contre, il existe un documentaire très bien fait visionnable sur youtube qui éclaire vraiment bien sur l'histoire du clan: http://www.youtube.com/watch?v=O6PXhGlmJxk
ou encore celui-là oh my god, je suis vraiment obsédée !!): http://www.youtube.com/watch?v=bRJiUr7m-dI&feature=related

* pour les incultes (:p): un film culte (héhé) à voir absolument - "Good night and good luck", de l'époque de Hoover justement. L'histoire vraie du journaliste de CBS Edward Murrow et de son équipe faisant le pari risqué d'affronter le sénateur McCarthy à l'époque de sa "chasse aux sorcières" contre les communistes (encore un brillant homme celui-là) http://www.imdb.com/title/tt0433383/ Et pour finir de vous convaincre, il y a George dedans (George... Clooney of course !!), et aussi Robert Downey Junior... plus aucune excuse là.

On the road, Jack Kerouac


Il y a des livres comme ça, qu'il faut -je répète- FAUT avoir lus dans sa vie ! (ou au moins les avoir dans sa bibliothèque, à défaut :p). Quant à On the Road, le cultiiiiiissime roman du cultiiiiiissime Jack Kerouac, je crois qu'il est tout simplement impensable de faire l'impasse dessus ! Je vous l'accorde, les écrivains de la 'Beat Generation' (dont Kerouac fut le chef de file) ne nous rendent pas les choses faciles -les phrases sont compliquées, le style haché, il y a des retours en arrière/présent dans tous les sens, les héros philosophent au Benzène dans une voiture volée en sillonnant l'Ouest américain, donc CERTES, il faut peut-être s'accrocher.. un peu.. bon d'accord, tout au long du livre. D'ailleurs, vous pensiez peut-être que je faisais ma crâneuse avec mes DEUX exemplaires (photo), mais outre le fait de vous prouver ma passion pour Jack, l'explication de ce double achat se trouve dans le fait que je n'ai pas réussi à finir de lire la version originale... voila, je l'avoue humblement -échec, epic failure, boo ! J'ai du m'incliner devant l'anglais -scandalous !

Je crois qu'On the Road est le premier livre qui me soit venu directement des Etats-Unis, on me l'a offert juste après un inoubliable road trip à travers les Etats-Unis, de Los Angeles à New York... tout un symbole ! :) Bon bref, I love America and I love road trips (coeur coeur) :p

Dans On the Road, Kerouac, sous le pseudonyme de Sal Paradise, décrit sa vie de jeune écrivain en quête d'aventures, d'expériences plus ou moins folles, d'émotions fortes, et en pleine introspection sur lui-même. Originaire du Canada, Sal vit à New-York chez sa tante, et parmi sa bande d'amis écrivains, philosophes, musiciens, il rencontre Dean Moriarty (en vrai, Neal Cassidy), qui va devenir son idole et qu'il suivra toute une partie de son existence. Dean est un écorché vif (un peu à la James Dean -tiens, il doit y avoir quelque chose avec le nom 'Dean' ;)), un 'bad-boy' au grand coeur, attendrissant et agaçant à la fois, toujours amoureux, mais jamais de la même fille, accro au Benzène et voleur de voitures professionnel, bref, un homme, un vrai quoi ! :p*
Sal nous fait parcourir l'Amérique de la fin des années 1940, partant à l'aventure avec pour tout bagage un sac à dos et parfois 1dollar en poche, et une pratique appuyée de l'autostop. Au gré de ses voyages et de ses rencontres, nous découvrons Chicago, Denver, San Francisco, les champs de coton californiens, l'ivresse du Nouveau Mexique. On assiste aux expériences les plus extrêmes (drogues, sexe, vols, excès en tout genre), on imagine les paysages les plus enivrants, on se demande aussi parfois pourquoi ils s'infligent toutes ces choses, mais bon, c'est la période Beat Generation, alors tout est permis ! Ce n'est donc pas un road trip classique et au final, cela nous vous donnera peut-être même pas vraiment envie de partir à l'assaut du Grand Ouest américain, mais c'est un classique, alors à vous de voir ! ;)

NB: 'On the Road', l'adaptation cinématographique de Walter Salles, avec Sam Riley, Garett Hedlung et... Kristen Stewart (oui, OUI, il y a K-Stew mais pas d'inquiétude, elle a environ une ligne et demie de dialogue dans tout le film, donc sa présence n'est pas dérangeante outre-mesure... :p) Le film colle plus ou moins librement au roman (il m'a semblé découvrir des faits dans le film alors que je venais de finir le livre...) par contre les acteurs sont très bons, les paysages magnifiques, mais la bande originale décevante... (la présence de la musique et du jazz tient une place tellement importante dans le livre, elle n'est pas assez bien rapportée dans le film à mon sens).

NB 2: of course, ce post est dédicacé à Elo, qui a partagé ma folie 'kerouacienne' ! ;)

* Tom Wolfe ne serait pas ravi de la comparaison je pense, n'est ce pas Elo ? ;)

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Retour à Killybegs -Sorj Chalandon

Grand prix du roman de l'Académie Française en 2011, 'Retour à Killybegs' raconte l'histoire de Tyrone Meehan, héros 'traître' de l'IRA, déjà sujet d'un précédent roman de Sorj Chalandon. Killybegs fait en effet écho à 'Mon traître', paru en 2008 après que Chalandon eut découvert que l'un de ses amis (Meehan donc -en vrai, Denis Donaldson, 'vendu' par le MI5 en 2005) héros de l'Armée Républicaine Irlandaise, avait trahi la 'République' auprès des britanniques. Le 'traître' Tyrone Meehan, est à présent le narrateur de sa propre histoire, un aperçu vibrant, patriotique, et torturé de l'histoire d'Irlande, de ses relations avec l'Angleterre, et de l'IRA.

En 2006, alors que sa trahison vient d'être révélée au grand jour, un Meehan très âgé et éprouvé retourne dans sa maison d'enfance à Killybegs (Irlande du Nord il va de soi) pour y finir sa vie qu'il sait menacée par des irréductibles souhaitant lui faire payer sa trahison envers l'Irlande, bien que l'IRA ait déposé les armes... 
A travers de nombreux retours dans le passé, on découvre la vie de Meehan, sa naissance au sein d'une famille catholique nombreuse avec un héros de l'IRA déchu, alcoolique et violent pour père, l'exil et une vie dédiée à la lutte républicaine et anti-protestante, ancrée au plus profond de son être. Devenu 'Fiana' -scout de la République- à un très jeune âge, il gravira progressivement les échelons au sein de l'IRA et deviendra membre du Sin Féinn (parti politique irlandais). 
Comme tous les 'volunteers' de l'IRA, Meehan prend part aux actions armées contre les 'brits', et commettra à l'une de ces occasions une erreur tragique dont il paiera cher les conséquences - les services britanniques s'en serviront de monnaie d'échange pour le faire passer dans le camp ennemi des années plus tard. 
Il n'échappera pas non plus à la prison, étape qui l'a profondément marqué, au cours de laquelle il croisera d'ailleurs brièvement Bobby Sands, leader médiatique de l'IRA emprisonné et mort d'une célèbre grève de la faim à laquelle Margaret Thatcher ne cédera jamais. Sa route croise également celles des services britanniques, en quête de renseignements sur l'IRA, qui le 'convaincront' de devenir un agent à leur solde. Dès lors, on suit les doutes du traître naissant, ses angoisses d'être découvert mais aussi de mentir à ses proches et à ses camarades, le poids d'un tel secret, ses tentatives de s'auto-convaincre qu'il oeuvre finalement pour la paix plutôt que pour la guerre.

Accueilli positivement par la critique, qui le décrit comme une roman 'épuré', Retour à Killybegs, ce fut surtout l'occasion pour moi de rafraîchir un peu mes (piètres) connaissances sur les années de conflit en Irlande, et de confirmer que tous les 'traîtres' ne sont pas à jeter dans le même panier... ;)

A lire ou voir sur le même sujet:

- 'Mon traître', du même auteur (2006): personnellement, pas sûre que je le lirai, j'ai peur que ce soit redondant avec Killybegs, car c'est aussi l'histoire de Tyrone Meehan, telle que racontée par Antoine, luthier français ami de Meehan et partisan de la lutte républicaine irlandaise (Antoine, c'est bien sûr Sorj Chalandon lui-même)

- 'Hunger', de Steve McQueen (non, pas l'acteur, le réalisateur du même nom :p) avec Michael Fassbender en Bobby Sands, déjà mentionné. Sands fut le leader d'une tristement célèbre grève de la faim opposant le gouvernement Thatcher aux prisonniers républicains irlandais réclamant le statut de prisonniers politiques. Sands en mourut, comme des dizaines de ses codétenus, et Thatcher ne céda jamais à cette demande. 
PS: je ne conseille pas ce film à tout le monde, car il faut savoir que l'histoire est centrée sur la grève de l'hygiène décrétée par Sands et ses codétenus, qui ont refusé, dès leur entrée en cellule et pendant toutes leurs années d'emprisonnement, de s'habiller et de se laver... je vous laisse imaginer !...

mardi 24 avril 2012

The Hunger Games - Suzanne Collins

Aaaaaah, ça y'est, I DID IT ! J'ai enfin entamé la trilogie Hunger Games, thanks to Aileen ! :-) (oui, vous êtes prévenus, ce post sera en franglais, étant donné que j'ai lu le livre en anglais, je ne vais pas me fatiguer à chercher le vocabulaire en français, et non ! bref, personne ne comprendra rien à cet article...:D)


La lecture de ce chef d'oeuvre 'young adults novel' était devenue incontournable, je l'avoue, surtout dans le contexte de la sortie du film, qui a explosé le box office américain (mieux que Twilight ? I don't know, mais peut être bien !).


Mais...pourquoi ce livre a donc reçu tant de succès, mis à part le fait que les franchises soient à la mode (Harry Potter, Twilight...) ??? Et bien, c'est facile -de l'action, une histoire d'amour -enfin, de 'star crossed lovers'- avec une jolie héroïne façon Lara Croft (attention, cent mille fois plus belle que Angelina Jolie, ne nous méprenons pas) et deux beaux garçons, des gentils, des méchants, et surtout, un scénario CHO.QUANT même que je ne comprends pas comment l'Amérique puritaine a accepté l'idée ! 
Oui, car nous sommes dans un futur pas si lointain, où les Etats-Unis ont viré dans un monde apocalyptique après-guerre, divisé entre le Capitol, la capitale riche d'où les vilains dirigeants futuristiquement accoutrés et surmaquillés oppressent les pauvres peuples des 12 districts du pays (Panem). 
En rétribution de leur rébellion passée, les 12 districts doivent fournir, chaque année, un garçon et une fille âgés entre 12 et 18 ans tirés au sort lors de la cérémonie du 'reaping', qui combattront jusqu'à la mort dans une 'arena' sous les yeux de tous les citoyens du pays. Les Hunger Hames sont donc un jeu télévisé façon Big Brother, mais avec du sang, de la violence et la mort au bout ! 
Et là vous n'êtes pas CHOQUES, comme moi ??? Comment peut-on avoir l'idée de faire combattre des ENFANTS jusqu'à la MORT sous les yeux de millions de téléspectateurs ?? non non non, pas d'accord du tout ! C'est d'ailleurs pour ça que j'ai mis beaucoup de temps à rentrer dans le livre, parce que franchement, l'idée m'écoeurait juste trop. Beurk. 
Mais bon, d'accord, je dois avouer humblement que c'est bien écrit (le style est quand même très twilightien je trouve, sauf que je vous rassure, point de vampires translucides et scintillants ni de loups-garous aux abdos surdimensionnés), on devient vite accro, passé les premières réticences purement humanitaires et OUI on ne peut plus s'arrêter de le lire ! 
Pour être un peu plus précise, l'héroine, Katniss Everdeen a 16 ans et vit dans le District 12 (chaque district a une spécialité, celle du 12 est l'extraction de charbon) avec sa petite soeur Prim et sa mère. Les conditions sont rudes, l'occupation principale est de trouver de quoi se nourrir, et Katniss et son meilleur ami Gale ont du apprendre la chasse, sa spécialité: le tir à l'arc. Le jour du tirage au sort des 74èmes Hunger Games, c'est sa petite soeur Prim qui est choisie. Katniss se porte volontaire à sa place et part, avec son co-'tribute' Peeta, pour la course de la mort... brrrr.
La première étape de ces jeux consiste en une semaine de préparation au Capitol, où ils découvrent, stupéfaits, une société aux préoccupations et au train de vie opposés des leurs. Là bas, ils sont choyés, nourris, habillés, interviewés, entraînés au combat etc etc, avant d'être finalement lancés dans l'arène où ils seront enfermés jusqu'à ce qu'il n'y ait qu'un vainqueur. Alors là, ce n'est que déchaînement de violence, combats, tueries et tout et tout. Bon, il y a aussi de la stratégie (car les tributes qui ont réussi à conquérir le public auront des sponsors qui les aideront à survivre dans l'arène) et bien sûr, de l'amouuurrrrrrr. Enfin, de la romance d'ado (rien à voir avec le triangle Bella, Edward et Jacob hein, mais enfin, on s'en contente !:p). 
Je vous laisse lire le livre (ou regarder le film, mais qui apparemment ne contient vraiment que 1/3 des informations du bouquin...) pour savoir ce qu'il adviendra de Katniss, Peeta and co. Sachez juste qu'il y a deux autres livres après celui-ci (:p)...


Happy Hunger Games and... may the odds ever be in your favour !

lundi 23 avril 2012

Maus - Art Spiegelman


Et oui, encore une BD ! Mais attention, pas n'importe laquelle ! Un véritable chef d'oeuvre en forme de mémoire sur l'Holocauste, raconté et dessiné de façon magistrale et originale par Art Spiegelman. Il a d'ailleurs reçu le Prix Pulitzer en 1992.


Au cours des visites qu'il rend à son père, juif polonais rescapé des camps de concentration (et d'extermination, d'ailleurs), l'auteur questionne celui-ci sur son passé, sur la seconde guerre mondiale, sur la vie dans les camps, sur sa libération, etc. 
Il y a en fait deux histoires parallèles -celle que raconte Vladek (le père) à son fils, et l'autre, située dans le présent, à New York, où l'auteur décrit -avec une touche d'humour, ou de dérision plutôt (il n'hésite pas à mettre en avant les clichés juifs que son père représente à ses yeux)- la relation difficile qu'il entretient avec son père. Le choix d'une histoire dans l'histoire est très intéressant car cela donne une autre dimension, plus réelle, ancrée dans le présent et nous permet d'avoir une idée de l'état d'esprit (si on peut dire) d'un rescapé de la Shoah*.


Pour illustrer ses personnages, Spiegelman a choisi des animaux, symbolisant le 'groupe' en question, à savoir: les souris pour les Juifs, les chats pour les Allemands, les cochons pour les Polonais, les grenouilles pour les Français, et les chiens pour les Américains. Wikipédia (non, je n'ai pas honte), nous dit que le choix de ce style est une référence à la propagande nazie qui utilisait de tels symboles pour dépeindre les juifs et les polonais, notamment. D'ailleurs, quand les juifs tentent de se cacher, Spiegelman les dessine portant un masque de cochon...
Le graphisme est tout à fait remarquable, c'est très dense et il y a beaucoup à lire (d'ailleurs, je dirais que cela se lit plus comme un livre qu'une BD). 


Vladek, le père, raconte à son fils son histoire et celle de sa famille et de ses amis depuis juste avant la guerre jusqu'à la libération puis son départ pour la Suède, puis les Etats-Unis. L'histoire, bien sûr, n'est pas reluisante (il en serait difficile autrement), mais contrairement à certains films ou livres orientés sur l’héroïsme, la solidarité des juifs, et la bravoure des 'justes', ici il n'y a pas ou presque, de héros.
Il est plutôt question d'individualisme (surtout dans les camps même -tout se monnaie, il est hors de question d'aider son voisin sans rétribution et la mort n'a plus vraiment de signification), de (dé)solidarité, de trahison, de lâcheté, même si certains personnages se démarqueront positivement, notamment pour sauver la femme de Vladek, et mère de Artie, qui se suicidera après avoir survécu.


Ce qui m'a choquée, c'est d'apprendre que finalement, il y avait une connaissance réelle de l'étendue de la folie nazie parmi la population, qu'elle soit polonaise, allemande et juive bien sûr. C'est à dire que les juifs, et les non juifs, semblaient avoir parfaitement compris, très tôt, le sort qui serait attribué aux juifs et aux autres 'minorités' non désirables. Ce qui n'est pas du tout, me semble-t-il, relaté dans les documentaires et films traitant du sujet (j'avais toujours entendu et lu 'on ne savait pas où on allait', par exemple). Bon, maintenant je ne suis pas une historienne alors j'ai peut-être tort...


J'ai du mal à décrire ce livre, il y aurait encore tellement de choses à dire, alors LISEZ-LE ! C'est un format facile à lire, et un témoignage historique de grande valeur, je trouve.


Pour info, Art Spiegelman a publié en 2004 une autre nouvelle dessinée, sur les attentats du 11 septembre 2001, 'In the Shadow of no tower' (A l'ombre des tours mortes)...




* pour simplifier, j'utilise indifféremment les termes Holocauste, Shoah, génocide, tout en sachant qu'ils n'ont pas exactement la même signification historique et juridique.

lundi 9 avril 2012

Mémoires -Farah Pahlavi




"A la mémoire de tous ceux qui ont été assassinés par l'obscurantisme. A la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour l'intégrité de l'Iran..."

"...Je sais que la lumière vaincra les ténèbres, et que l'Iran, comme le phénix, renaîtra de ses cendres."



Rarement un livre ne m'aura autant bouleversée je crois... et non, je ne parle pas de Twilight, ni de Hunger Games (qui fera l'objet d'un futur post sous peu, si si il le faut !) ou de Romeo et Juliette, mais des Mémoires de Farah Pahlavi, l'ancienne Impératrice d'Iran, et veuve du dernier Shah d'Iran. 
Son livre est une véritable déclaration d'amour à son pays, l'Iran, aux Iraniens, et à son mari le Shah. Alors pardon si ce post est très long, mais j'ai tellement à écrire dessus !


L'impératrice nous plonge dans ses mémoires, depuis la disparition de son père chéri alors qu'elle n'était qu'une enfant, à ses études d'architecture à Paris, puis à sa rencontre (fortuite ?) avec Mohammed Reza Pahlavi, Shah d'Iran récemment divorcé de Soraya, la 'princesse aux yeux tristes' qui ne pouvait lui donner d'héritier. Naît une véritable histoire d'amour, une 'true love story' qui ne cessera que par la mort du Shah en 1980, après un douloureux et tragique exil. 


On vit avec elle le bonheur de voir les réformes menées par le régime (certes, autoritaire) du Shah ayant réussi à sortir l'Iran du Moyen Age et accéder à un essor économique et culturel fulgurant, auquel elle est pleinement associée. L'Iran est alors à son apogée, c'est un pays influent sur la scène internationale, les voyages officiels sont incessants et le Shah est une figure respectée.
On partage ses bonheurs répétés à la naissance de leurs quatre enfants, et surtout, de Reza, leur premier fils et le future héritier tant espéré !


Puis on s'inquiète comme elle, de la contestation grandissante fin 1970 contre le régime du Shah, mélangée d'opposants pro-droits de l'homme, d'étudiants et d'intellectuels mais surtout, une opposition menée par le futur chef religieux du pays, l'Ayatollah Khomeini, alors exilé en France (...je m'abstiendrai -difficilement- de tout commentaire politique... mais grrr, quand même, me dire que mon pays a hébergé en grandes pompes -Khomeini logeait dans un manoir de Neauphle le Chateau- ce fou fanatique  qui a détruit ce merveilleux pays qu'était l'Iran, je m'étrangle...)
On suit au jour le jour la descente en enfer du Shah, dont le peuple réclame de plus en plus régulièrement, et violemment, la chute, le départ, puis la mort. 
On imagine l'incompréhension du Shah et de l'impératrice face à ces évènements, car il leur paraissait si inconcevable que des intellectuels, des étudiants ayant fait leurs études aux Etats-Unis ou en France, des iraniens ayant bénéficié des réformes agraires et culturelles notamment (l'impératrice a oeuvré activement, avec le soutien du Shah, pour le droit des femmes et l'éducation)puissent adopter un comportement si péremptoire et obscur. 


On comprend que l'élite intellectuelle et les jeunes étudiants croyant alors manifester pour un régime plus démocratique et respectueux des droits de l'Homme, réclamant plus de liberté d'expression, seront manipulés depuis le début par ces fanatiques religieux qui n'auront en tête que de gouverner l'Iran par la religion extrémiste et instaurer une propagande anti-Shah par tous les moyens, tous plus vils les uns que les autres. L'impératrice, tout comme le Shah de son vivant, n'auront de cesse de reconnaître que les formidables progrès accomplis en Iran en quelques années seulement n'ont pu se faire que dans le cadre d'un régime conservateur et de libertés très encadrées. 
Le Shah écrit d'ailleurs dans ses propres mémoires, que son objectif était d'instaurer les bases d'un Etat fort économiquement afin de laisser à son fils Reza, la possibilité de gouverner de façon éclairée et plus ouverte. Il n'aura jamais eu l'occasion de prouver ses dires...
Le Shah a continuellement affirmé avoir refusé d'employer la force contre sa population, malgré les manifestations d'une violence rare qui se tenaient tous les jours au cours de l'année 1978 et début 1979.

Après des mois de contestations, de manifestations et les discours enflammés de Khomeini, le Shah abdique et quitte l'Iran en février 1979 avec son épouse et ses proches. Commence alors un exil infernal, qui les mènera dans les rares pays où les dirigeants acceptent  de les accueillir (l'Egypte du président Sadate leur sera toujours fidèle, c'est d'ailleurs au Caire que le Shah perdra sa longue lutte contre le cancer...). A ce moment précis je hais, hais! la politique, la diplomatie et leurs enjeux qui font que une minute un individu est adulé et reconnu comme un chef d'état respecté et l'instant d'après, il n'est qu'un vulgaire criminel, persona non grata où qu'il aille. Bien sûr, c'est cela, les intérêts diplomatiques, et c'est le jeu de l'Histoire et des relations internationales. En attendant, qui se mord les doigts d'avoir soutenu le départ du Shah, maintenant que l'Iran a plongé dans une folie moyennageuse absolument prévisible ?? Bref, je m'emporte...
Le Shah et sa famille trouveront donc asile un temps en Egypte, puis au Maroc, où le chef des renseignements français (!) les avertit que leur présence met en danger le roi. Vient ensuite le les Bahamas, puis un séjour à l'hôpital aux Etats-Unis, qui ne les acceptent que pour cette raison (l'Impératrice note avec une cruelle ironie que des centaines de manifestants crieront jour et nuit Mort au Shah sous les fenêtres de sa chambre d'hôpital, alors qu'il lutte déjà contre la mort...). Ils séjournent ensuite au Mexique, puis au Panama, où s'affronteront de manière ubuesque des médecins américains, français et panaméens sur le sort du Shah, dont l'état se dégrade inexorablement. Le Shah mourra en Egypte, isolé et dénigré de tous, où fut également enterré son père, l'ancien Shah d'Iran.
Sa mort fut accueillie par des célébrations en Iran, alors que seulement quelques uns réalisent le drame qui s'ouvre...
L'Impératrice subira d'autres tragédies familiales, ses deux plus jeunes enfants se suicideront.

Alors voilà, le Shah n'est plus, le fanatisme religieux règne, et l'Iran est toujours dans les ténèbres... pauvre Iran... 


PS: je suis tout à fait consciente que ces mémoires sont inévitablement subjectives et qu'elles ne racontent qu'une version de l'Histoire. J'espère avoir le temps un jour, de pouvoir lire d'autres témoignages, notamment ceux relatant les persécutions dont ont été victimes certains Iraniens sous le régime du Shah (journalistes, écrivains, opposants...). 
Cela étant, j'ai pu lire que beaucoup d'Iraniens exilés lors de la révolution regrettent l'état actuel de leur pays et avouent leur nostalgie de l'ancien régime...